LA PHOTO DANS LA CLASSE DE FRANÇAIS
ProEtica- Revistă Culturală
ISSN 2734-8954
ISSN-L 2734-8954
11.03.2022
La photo dans la classe de Français
prof. Roşu Alina, Liceul Tehnologic ,,Dimitrie Dima'' Piteşti, Argeş
L'élève a parfois des réticences à parler
de lui dans la mesure où il doit parler sous son propre nom, sous sa propre
identité, mais dès lors qu'on lui propose de construire une histoire (seul ou
en groupe) à partir d'un support comme une photo, on lui donne la possibilité
d'exprimer certaines préoccupations. Pouvoir parler de soi est un facteur
d'équilibre primordial, aussi bien pour des adultes que pour des adolescents ou
pour des enfants, qui passent le tiers ou la moitié de leur existence à
l'école. Ne pas pouvoir parler de soi à l'école est parfois ne pas pouvoir
parler du tout, et cela constitue alors un obstacle à l'envie d'apprendre. La photo
est un objet fascinant qui ,, parle à toutes les générations'', un objet à qui
l'on confie volontiers ses préoccupations, peut-être parce qu'elle a un
caractère proche, familier, intime. Le recours à la photo dans la classe
devrait devenir une technique plus systématique, ne serait-ce que parce que
dans une civilisation dite de l'image, celle-ci est encore très peu présente
comme support ou objet d'apprentissage.
On s'efforcera de proposer des
photos en faisant varier :
- Les époques : photographies de 1898 à nos jours.
- Les lieux et les compositions : photos de :
- personnages seuls, en couple, en petits ou grands groupes dans des situations ou des états d'esprit différents, d'âges, de lieux et d'époques variés.
- bâtiments : intérieurs, extérieurs, domiciles privés ou édifices publics, anciens, modernes, urbains, ruraux, etc.
- paysages : campagne, mer, montagne, désert, forêt, etc.
- Les techniques : les cadrages, les plans, les genres (photos instantanées ou posées).
On privilégiera des photos dont le message n'est pas délivré immédiatement et de façon tapageuse comme dans les visuels d'actualité ou de publicité. Des photos qui posent à l'observateur une énigme parce qu'elles saisissent la réalité dans l'instant où elle n'est pas réaliste. Des photos ambiguës, énigmatiques, lacunaires qui laissent une place à l'imaginaire de celui qui les regarde, lequel va pouvoir lever les voiles de l'ambiguïté ou combler les lacunes de cette photo et de la sorte co-construire l'univers et donc, en fin de compte, se l'approprier. Plus les photos sont difficiles à comprendre, plus elles sont ambiguës, plus elles sont susceptibles de lectures plurielles, de commentaires, de récits. Plus elles sont floues (c'est une des tendances de la photo contemporaine) et incertaines, plus grande est la place faite à l'imagination.
Les propositions d'activité peuvent être regroupées pour des raisons pratiques en cinq grandes sections :
- Identifier : présenter, se présenter, illustrer.
- Décrire : inventorier, classer, reformuler, résumer, distinguer (différences), comparer (ressemblances), opposer (contradictions), définir des mots, des couleurs.
- Imaginer : situer dans l'espace et le temps, faire dialoguer, transposer, observer et spéculer, inventer.
- Raconter : exprimer ses idées, ses sentiments, ses souvenirs.
- Argumenter : démonter, persuader, polémiquer, questionner, faire un discours, une conférence, juger, critiquer.
À l'intérieur
de ces cinq activités, toutes les opérations de communication concourant à l'expression
écrite et orale sont donc convoquées mais il est clair que ce classement
pratique reste parfois arbitraire et ne rend pas compte d'opérations qui dans
la réalité se recouvrent en interférant les unes avec les autres. La même
activité peut servir à toute la classe ou être attribuée à un seul élève pour
centrer le travail sur l'écrit, l'oral, la dramatisation, le français
fonctionnel, etc.
Chaque activité peut être utilisée quelle que soit la photo choisie ou tirée au
sort : on peut en effet écrire la biographie d'un objet, voire d'une goutte
d'eau! Chaque activité peut aussi intervenir comme un élément d'un monde à
construire, à l'instar d'une simulation
globale ; elle n'est à ce titre qu'un moment parmi d'autres de
l'élaboration de l'univers projectif à bâtir.
Questions possibles :
- Que voyez-vous sur la photo? Premières impressions, réactions.
- Où sommes-nous ? Pays, ville, village, rue, type de lieu, bâtiment, etc. Leur donner un nom, une appellation.
- Datation du moment de la photo : époque, année, saison, jour.
- Identité d'un personnage de la photo et premiers éléments de biographie : nom, prénom, surnom, diminutif, âge, profession, situation de famille, nationalité, caractéristiques physiques, intellectuelles, psychologiques, morales ; tics physiques comportements, vestimentaires ou verbaux, deux événements importants de sa vie, deux objets auxquels il est très attaché, devise personnelle, projets, etc.
- Raisons de la présence de ce personnage à cet endroit ; évocation de personnages secondaires et de leurs relations, etc. Il vaut mieux éviter de refuser la proposition d'un élève sous prétexte d'incohérence avec le monde déjà construit. Il faut au contraire proposer au groupe comme un défi d'essayer de trouver une explication possible et plausible à cette proposition, à cette erreur ou à ce lapsus.
Commenter l'image est un support à des jeux de langue, jeux d'expression et de communication : jeux de classe ou jeux de société ; jeux de groupes ou jeux solitaires. Il peut donner l'occasion de s'adonner - au choix - à la créativité, à l'observation de soi et des autres.
Bibliographie/sitographie sélective :
Bange, P. 1992. « À propos de la communication et de l'apprentissage de L2 (notamment dans ses formes institutionnelles) ». Acquisition et Interaction en Langue Étrangère
www.apte.asso.fr